À Jean, mon cher neveu,
hommage et affection
tante Cécile
... qui a trouvé prétexte pour réunir quelques tableaux de mes "Couvents de ma mémoire".
Yvonne
hommage et affection
tante Cécile
... qui a trouvé prétexte pour réunir quelques tableaux de mes "Couvents de ma mémoire".
Yvonne
COUVERTURE
Suzanne Grenon Rhains
REPROGRAPHIE
Les Pro de la Copie
646-A Chemin St-Thomas
Chicoutimi, Qc. G7H 6A2
Tél.: (418) 549-1227
CONSEILLER
Louis Savard
TEXTES
Céciles Tremblay
ARTISTE-PEINTRE
Yvonne Tremblay-Gagnon
Dépôt légal 3e trimestre 1990
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada, Ottawa
@ Tous droits réservés. La reproduction des tableaux est interdite sans l'autorisation de l'artiste-peintre.
ISNN 2-9802091-0-4
À l'occasion des fêtes du centenaire des Ursulines de Roberval, je fus très impressionnée par le nombre et la qualité des femmes venues célébrer et évoquer des souvenirs.
Que sont-elles devenues, les Ursulines de jadis? Actives u sein de la société québécoise, elles oeuvrent dans des domaines variés contribuant ainsi à l formation d'un peuple, de sa vie culturelle et de son milieu.
À l'instar des Ursulines, d'autres communautés enseignantes se sont dévouées à l'éducation des filles dans la région et ailleurs au Québec. N"est-ce pas chez les Soeurs de l'Assomption de Nicolet que la cadette de notre famille, Yvonne, reçut sa formation et sans doute la chance de développer son talent artistique ?
Peintre reconnue, Madame Yvonne Tremblay-Gagnon exposa à Jonquière, en 1983, une série de tableaux intitulée "Les Couventines' illustrant certaines scènes savoureuses de la vie d'une jeune pensionnaire.
Rapidement vendues, les toiles ont été dispersées ici et là. "Quel dommage de les séparer !" me dit mon voisin lors du vernissage. Que faire pour retrouver le thème qui les unit ?
Peut-être un album ? ...
Or, l'Université du troisième âge se forme à Chicoutimi. Je m'y inscris en psychologie et aussi en français-rédaction, l'occasion rêvée de composer les textes de présentation des tableaux. Lentement, laborieusement, le projet se concrétise et se réalise enfin !
Je suis heureuse de l'offrir en hommage à nos éducatrices d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Et j'invite les lectrices (et lecteurs) à revivre ces agréables années où l'apprentissage, la formation, la discipline et le succès n'étaient pas synonyme de période de gtande noirceur.
Madame Rachelle Côté, retraitée de l'enseignement, résume bien ma pensée lorsqu'elle dit: "Après avoir tant reçu, je ne pouvais me permettre d'être quelconque."
Le drapeau saguenéen
Flotte au rythme de mon coeur
Chaviré par le départ.
Et pourtant, quel enchantement !
Voici le train
Annonçant
L'heure de l'envol
Vers le rêve caressé
Depuis tant d'années :
Transplanter mes espoirs
Dans le jardin
D'une maison d'éducation renommée.
La malle attend,
Remplie de vêtements,
Cousus d'amour maternel,
Compagne inséparable
De mes souvenirs.
Les feuilles jonchent le sol
Et crissent sous mes pas.
Premier congé,
Halte appréciée dans ce pensionnat
Où l'âme se cherche
Depuis déjà quelques lunes.
Dans l'allée du couvent,
Anciennes et nouvelles se promènent,
Jacassant à leur aise
Près des «jupes» de la Soeur.
Quel profond réconfort
De m'éloigner du groupe
Discrètement
Pour rejoindre mes racines.
Que vivent-ils
Les miens ?
Papa, maman !
Ma soeur aînée,
Déjà enseignante.
Et les jeunes à l'école ?
Ma filleule chérie
Aurait tant besoin de moi
Pour la rassuret, la cajoler.
Et les récoltes, et les conserves,
Ah ! Les longues journées...
Que de livres ! Pensai-je
Moi, jeune adolescente
Qui, il y a si peu de temps,
Dévorais le roman-feuilleton du journal
Dès qu'il arrivait.
Lorgnais l'éditorial,
Sans parler de la bibliothèque familiale
Bien garnie.
Choisir n'est pas facile !
Explorer les rayons, cueillir,
Au gré de ma fantaisie, Bazin,
Lamartine, Groulx,
Laure Conan, De Gaspé, Nelligan.
Et par la suite me plonger dans le plus séduisant.
Plus rien n'existe autour de moi,
Sinon le goût de continuer à lire.
Cependant, la réalité me ramène vite
Au but précis de ma visite :
Me documenter afin de préparer
Un travail de français.
Que signifie pour moi l'essentiel ?
À l'âge où l'espoir
Est illimité
Comment le saisir...
Invisible
Pour les yeux !
Rêver à l'horizon infini
Afin de découvrir
L'amour,
L'éclatement des bourgeons généreux.
Cheminer et explorer
Les sentiers
S'offrant à mes rêves,
À mes idéaux.
Parmi ces champs qui m'attirent,
Variés comme les couleurs
De l'arc-en-ciel
Au soleil du matin,
Lequel d'entre eux
Me révélera
L'essentiel
Encore invisible
À mes yeux ?
Veillent sur l'intimité de cette
Oasis de repos.
Le seul lieu m'appartenant vraiment ici.
Pourtant, jadis, à la maison paternelle,
J'aimais partager ma chambre
Avec une soeurette.
Alors que je vaque minutieusement
A maintes occupations personnelles,
L'esprit vagabonde,
L'imagination s'affole,
Et le coeur palpite.
Quel délice de me glisser
Dans le lit où la couverture,
Tissée de la laine
Provenant des moutons de la ferme,
Me procurera une bien douce chaleur !
Sans permission
Pour grimper
Au grenier,
Me voià assise sur la malle,
Après l'avoir dépouillée
Des vêtements d'hiver.
Enfin seule ! Comme je me sens bien !
Libre de penser à qui je veux
Et surtout,
À ce qui me manque...
Même les taquineries de mon frère !
Classe, étude, ateliers,
Et la chorale que j'aime tant.
Tout est parfois si captivant, si lourd.
Que j'ai hâte d'être revenue chez moi !
Séance hebdomadaire
Libre,
Mais à chaque pensionnaire
Fortement conseillée.
Attendant mon tour
De me présenter
Je cherche dans ma conscience
Ce qui a pu la ternir...
Cependant, d'où vient
En moi
Cette appréhension,
Cette nervosité
Ressentie ?
Tendue,
Je m'agenouille
Et récite la formule rituelle
Puis l'accusation.
Et j'écoute
L'exhortation du prêtre,
Ses conseils judicieux
Suivis enfin du pardon.
Légère, je me relève
Encouragée, vivifiée.
Une paix profonde m'accompagne
Pour la semaine à venir.
Demandée au parloir !
Je dégringole les marches
Et me retrouve face à ma soeur
Qui m'apporte de ma mère
Linge et sucreries.
– Hum ! que c'est bon !
– Vous avez des grilles ici ?
Serais-tu cloitrée ?
– Bien non ! C'est que la Soeur est là.
– Est-ce qu'elle entend
ce que l'on dit ?
– Ne t'inquiète pas,
elle voit tout mais n'écoute pas.
– Vous ne suivez pas le règlement
des religieuses ?
– Voyons ! Parfois les mères
mettent le silence de côté
Lors de la dernière leçon de science,
nous avons passé la soirée dehors:
cours sur les constellations.
Ça me rappelait le soir où papa
nous avait montré
la Grande Ourse,
la Petite Ourse
et l'Étoile Polaire.
Te souviens-tu ?
– Bien sûr ! J'y pense encore
lorsqu'on va se glisser
au clair de lune,
le soir, après souper.
– Ici, la patinoire est prète.
J'aimerais avoir des patins à Noël...
Veux-tu le demander à maman.
– Sûrement \ Compte sur moi.
Et n'oublie pas de fouiller ton sac,
j'ai vu quelqu'un y déposer une lettre...
Finies les grandes vacances
Aux senteurs de foin
Et de framboises
Parfumées.
Que de faits à raconter
Aux amies
Qui m'attendent dans ces murs
Déjà apprivoisés.
Et je songe
A ce splendide été
Plein de chaleur,
De vent, de clair de lune
Et de soirées en chansons.
Revivant travail,
Pique-nique, excursions
Où je cueillais
Les précieuses plantes
Pour mon herbier.
Peut-être que ma voisine
Au billet doux
Me confiera
Un des secrets de son coeur,
Avant que la mélancolie
Ennuage
Mes souvenirs ensoleillés.
Sans nous connaître vraiment,
Aujourd'hui compagnes de classe
Parfois rivales académiques
Nous tissons, au fil des jours,
Les liens d'une solide amitié.
Espiègles et complices,
Attentives à la confidence
Ou au chagrin de l'autre,
Nous nous complétons
Fort bien,
Même lors des travaux et discussions:
Elle, distinguée et sage,
Moi, vibrante et spontanée.
Les heureux moments
De nos brèves rencontres
Après tant d'années
Resserrent encore
Ces liens immortels
Créés aux jours
D'antan.
Quelle merveilleuse surprise !
M'écrire à moi ?
Inhabituel !
Toute correspondance
Vient toujours de maman.
Est-ce qu'il s'ennuit ?
Il m'aime donc aussi !
Tout comme mes grandes soeurs,
Même si je ne suis pas
toujours sage.
Radieuse,
Je presserai la lettre
Sur mon coeur,
Me rappelant les battements
Entendus
Lorsque, petite fille,
Papa me berçait dans ses bras.
Les pensionnaires partent
Vers la ville,
Heureuses comme des oiseaux libérés.
Chacune se présente
Au rendez-vous fixé.
Alors que d'autres,
Faux prétextes à l'appui,
Se baladent librement.
L'annonce du printemps
Se réflète dans les alléchantes vitrines,
Et le soleil réchauffe l'atmosphère
Stimulant les ardeurs juvéniles
Des pensionnaires.
Soudain,
Au coin de la rue,
Une rencontre fortuite:
Un jeune séminariste survient
Et me salue gentiment.
Surprise, émue,
Le coeur en chamade,
Les sons se nouent dans ma gorge;
Mais nos regards
Se croisent et valent mieux
Que le plus beau des discours.
Au bas de l'escalier
Menant à la chapelle,
J'écoutais,
De l'organiste
La pratique mélodieuse.
«Vous aimez la musique,
Me dit une religieuse,
Je vais vous inscrire
Aux cours de piano.»
Mon rêve!
Mes parents...
Deux fois la semaine,
Je reçois des leçons
Dans cette salle de musique
Dont j'adore l'importance
Et la simplicité.
En cette fin d'année
Où je mets tant de coeur
A la pratique
De mes pièces,
Mère me dit:
«Je suis fière de vous,
Quelle musicalité!
Vous jouerez en solo
A la distribution des prix.»
Récompense inoubliable...
Cécile Tremblay
1121 Joseph-Dandurand #29
Chicoutimi G7H 6S4
Québec
– Née à Métabetchouan en 1920.
– Études chez les Ursulines de Roberval.
– Diplôme d'enseignement et brevet en sciences ménagères.
– Mariée à Jean-Charles Villeneuve.
Douze enfants naissent de cette union.
Monsieur Villeneuve décède en octobre 1971.
– Cécile Tremblay oeuvre au sein de l'AFEAS
et enseigne le français aux adultes, à Alma,
de 1967 à 1984.
– Membre-fondateur de la Coopérative d'Habitation
l'Angevine de Chicoutimi, 1981.
– Depuis 1987, Cécile Tremblay suit des cours de psychologie
et de français-rédaction à l'université du troisième âge à
Chicoutimi.
– Elle puble « Les Couventines », le 14 septembre 1990.
Chicoutimi, le 14 nov. 1990
À Jean, mon cher neveu, hommage et affection tante Cécile ... qui a trouvé prétexte pour réunir quelques tableaux de me...